Solitude, sculpture de Dominique Périer.
Sur son site qu'on peut consulter sur ce lien, voici comment Dominique Périer présente son travail : "Depuis quelques années, j'arpente la rivière qui passe près de chez moi. Il s'agit du Bès dans les Alpes de Haute Provence qui rejoint La Bléone près de Digne les Bains. Il est source de mes inspirations et ressource des matériaux que j'utilise pour mon travail. Après les grandes crues du printemps, je ramasse les bois flottés. Ils serviront d'ossatures à mes sculptures. L'argile qui s'est déposée sur le rivage modèlera les futurs personnages. Je ne passe pas par le feu pour cuire mes pièces mais j'utilise une technique qui évite à la terre de se déliter et des ocres pour la patine".
La prochaine exposition de Dominique Périer est programmée à l'IUFM de Digne-les-bains dans le cadre du Mmiam, du 9 avril 2013 au 3 mai 2013. Vernissage mardi 9 avril à 18h. Gérard Allibert a composé à propos de cette exposition le texte qui suit :
Scupltures, terres et bois.
Les personnages de Dominique Périer sont porteurs de mystère et de magie.
Il n’est bien entendu pas innocent qu’ils nous soient arrivés par le Bès, cet humble cours d’eau - au courant saisonnier - de nos antédiluviennes Basses-Alpes. Comment alors imaginer qu’il puisse franchir de si grandes frontières ? Hé bien, justement
les saisons !
Il suffit d’un de ces orages somptueux et terrifiant dans les clues de Barles, une de ces nuits où tout le monde se terre prudemment entre les quatre murs protecteurs de sa demeure redevenue grotte et refuge ; une de ces nuits de tonnerre et de fracas, pour que, parfois (nul ne sait vraiment pourquoi, ni surtout comment), une porte s’entrouvre. Et c’est alors que, quelques jours plus tard, Dominique part à la rencontre de ses hôtes étranges, échoués sur les berges du torrent.
Il y faut bien sûr l’intelligence de son regard (il sera naturellement maintes fois question dans ces quelques lignes d’acuité visuelle
). Mais nulle ingéniosité mathématique dans cette aptitude singulière. Intelligence avec l’ennemi en temps de guerre, disent nos généraux encravatés pour expédier les doux et les réfractaires face au peloton d’exécution.
C’est (sous son seul aspect sémantique, évidemment !) d’une connivence du même ordre dont Dominique fait usage. Mais heureusement (je veux dire avec cet heureusement qu’il s’agit là d’un don dont par bonheur elle est secrètement dotée)
intelligence ...
en temps de Paix.
En temps de mystère et de magie aussi. Il y faut donc un regard complice et clairvoyant (il faut assurément être poète pour avoir ce regard-là
) et c’est d’ailleurs, à sa source, le premier des pouvoirs de notre artiste.

Ninetto, terre et bois de D. Périer.
Bois flotté, dit-elle. L’expression est magnifique. On imagine tout de suite l’étendue du naufrage qui a précédé cet échouage, un soir de tempête au pied du Blayeul. Ainsi, là où vous et moi ne verrions que branchages difformes, Dominique reconnaît immédiatement un de ces néo-arrivants (comme le dit le vocabulaire également cravaté de nos polices des frontières) qu’elle recueille avec la plus grande précaution et la plus prévenante délicatesse, car elle sait déjà qu’elle va
lui rendre vie.