Grand touche à tout, l’art n’a pas manqué d’intégrer les jeux de casino dans ses annales. Quelques grands maitres de la peinture ont ainsi immortalisé de leurs pinceaux cette activité tantôt honnie tantôt réhabilitée, mais toujours aussi fascinante. De Caravage à Cézanne en passant par Picasso, voyage au cœur des jeux, à travers 5 tableaux.
« Les Tricheurs » de Michelangelo Merisi da Caravaggio (1594–1595)
« Les Tricheurs » capturent une partie de zarro, célèbre jeu de cartes de la Renaissance italienne, où l’un des joueurs triche à l’aide d’un complice. Ancêtre du poker, le jeu permet de gagner avec des mains semblables à sa version moderne.
Parallèlement à ce qu’elle montre, l’huile sur toile est une manière pour le peintre d’introduire un sujet brulant : le vice. À partir du XIVe, les jeux d’argent constituent l’expression idéale des travers de l’humanité, à l’instar de « Les joueurs de cartes » des frères Le Nain. Aussi, le juste de Caravage arbore ici un visage naïf et serein, tandis que la tension et la théâtralité échoient aux tricheurs.
« Le tricheur à l’As de carreau » de Georges de La Tour (autour de 1638)
Selon les observateurs, il y a des chances que les 4 compères s’amusent à la primiera, qui pourraient être l’ancêtre du poker. Toutefois, Georges de La Tour y illustre surtout la tricherie. Le peintre français reprend le sujet de Caravage, mais avec une tromperie nettement plus étudiée. Il y introduit la crédulité du trompé, qui trône dans des habits vaniteux.
« Les joueurs de cartes » de Paul Cézanne (1890 – 1895)
Il ne s’agira pas tout à fait d’un tableau, mais d’une série de 5 tableaux, sur lesquels Cézanne a travaillé entre 1890 et 1895. Témoin de son éternelle insatisfaction, « les joueurs de cartes » sont une incursion dans la rudesse de la vie paysanne du Midi. Chaque version met invariablement en scène des joueurs de cartes dans une taverne, tantôt nombreux, tantôt solitaires, mais toujours avec une concentration silencieuse. Le peintre y décrit un autre aspect des jeux, qui incarnent alors l’opposition.
« Au Casino » de Moreno Pincas (vers 1991)
à travers cette huile sur toile, Moreno Pincas s’intéresse à la roulette avec une palette de couleur vive et des lignes sinueuses. L’artiste, connu pour croquer des scènes banales de la vie de tous les jours, livre ici une intense partie à la roue du diable d’un casino. Face à un croupier, des hommes et des femmes parient fébrilement. Les uns jettent des regards fiévreux à la roulette, d’autres placent des jetons sur le tapis de jeu.
« L’homme aux cartes » de Pablo Picasso (1913 – 1914)
Le très prolifique Picasso s’est inspiré, lui aussi, des jeux d’argent. « L’homme aux cartes » est traité à travers le prisme de son cubisme naissant, dans une découpe et une superposition de visages, de cartes, de motifs. D’autre part, le peintre semble avoir été véritablement fasciné par les cartes, car nombre de ses croquis et de ses esquisses représentent des joueurs.
Bien sûr, beaucoup d’autres artistes connus ou moins connus se sont également laissés inspirés par les jeux. Mais malheureusement, il est impossible de les aborder tous, si on ne cite qu’Israel Rubinstein, Fernando Botelo Angulo ou Thomas Hart Benton.