La biographie d'Hesselbarth précise qu'il est né le 29 mars 1925. Il était aux Beaux-Arts de Lausanne de 1948 à 1954, sa première exposition personnelle en galerie se déroula en 1955. Il enseigna le dessin à l'Ecole Polytechnique de Lausanne et réalisa de nombreuses peintures murales, ainsi que des mosaïques pour des bâtiments publics et privés. Depuis 1980, il exposait régulièrement ses travaux personnels à la Galerie ou bien à la Maison des arts Plexus de Chexbres qui fut l'un des lieux où furent souvent montrés les travaux de Joseph Czapski, le peintre d'origine tchèque qui écrivit Proust contre la déchéance.
Jean-Claude Hesselbarth, 4 avril 2015, le jour de l'inauguration de son exposition de Grignan (photo D.R publiée dans le quotidien 24 heures).
En 1998, Nicolas Raboud proposa à Bernard Blatter, le directeur du musée Jenisch de Vevey, une rétrospective des peintures et des dessins de Jean-Claude Hesselbarth. Ce fut l'occasion pour Jaccottet de rédiger pour le catalogue de son vieil ami une préface titrée Hesselbarth ou Saturne au jardin. Ce texte et de menus additifs figurent dans la réédition en collection Poche suisse de L'Age d'homme des entretiens du peintre en compagnie de Jil Silberstein, une première fois publiés en 1990. Il faut lire intégralement cet ouvrage à la fois impétueux et émouvant à l'intérieur duquel il est souvent expliqué que "ce n'est pas pour rien que l'erreur nous remet les pieds sur terre". Le premier titre de ce livre de l'Age d'homme était Jean-Claude Hesselbarth, une souffrance recyclée. Dansson édition de poche, il s'intitule Peinture, papillons et autres coq-à-l'âne.
Philippe Jaccottet écrivait dans sa préface que Jean-Claude Hesselbarth est "quelqu'un qu'on ne peut qu'aimer". Au 30 de la rue du Puits Neuf, on trouvait en 2013 quatre petits formats d'Hesselbarth spécialement choisis pour l'exposition Jaccottet et les peintres : des dessins à l'encre de Chine, à la plume d'acier et au bambou taillé, qui surgissent sur des papiers aquarelle à gros grain.
"Obstination et véracité" : Jaccottet associe non pas l'oeuvre, mais la personnalité d'Hesselbarth à celle de Gérard de Palézieux. "Au fond, tous les deux sont des espèces de sauvages qu'on n'aura jamais vus sur le devant d'aucune scène ; des discrets qui n'aiment parler ni de leur art, ni d'eux-mêmes ; tous les deux ont pratiqué avec une égale passion la marche, et de préférence dans des lieux déshérités, des campagnes perdues ; comme ils partagent le goût, plus surprenant chez un peintre tel qu'Hesselbarth, à l'évidence plus "moderne", des objets plus patinés, des vêtements usés, des vieilles maisons, et le refus plus ou moins catégorique de la technique, d'une certaine forme de progrès (avions et hypermarchés, par exemple).
Ce personnage, écrit encore Jaccottet, présente "un mélange assez rare de gaîeté, d'inquiétude et de mélancolie". Plus loin, Philippe Jaccottet précise qu'il y a dans l'oeuvre d'Hesselbarth "quelque chose d'hérissé, d'hirsute" ... "des petits traits nerveux, explosifs" ... "le brasillement des incendies toujours possibles" .... "de l'ombre où s'ouvrent toujours des failles" ... "un conflit entre violence et patience, entre brusquerie et durée". Deux rapprochements sont particulièrement éclairants. A propos de cet artiste, Philippe Jaccottet songe à Henri Michaux ainsi qu'au jazz : "Hesselbarth admire Michaux depuis toujours, comme moi. Mais il n'y a pas de masques, de fantômes, de monstres dans ses dessins à lui ; aucune calligraphie de l'inconnu. On y verrait plutôt des espèces de noyaux d'énergie ; ou des sommeils dont on sortirait revigoré"... "Il m'est arrivé aussi de penser, devant ces peintures, au jazz, que je connais mal, mais qui a été une autre des grandes passions de Hesselbarth : des éclats de douleur, des éclairs de jubilation, une musique pour sortir de tout esclavage, des cadences obstinées, obsédantes".
Alain Paire
Liliane Annen-Hesselbath est la réalisatrice d'un film de cinquante minutes consacré à Ph. Jaccottet. Ce film date de 1975, on aperçoit Anne-Marie Jaccottet travaillant sur le motif, Philippe Jaccottet évoque Ossip Mandelstam et puis participe à un petit spectacle de marionnettes en compagnie de Florian Rodari. On peut découvrir ce document sur ce lien qui permet de rejoindre les archives de la Télévision suisse romande.